L'hygiène dans la région de Toliara (Sud-ouest de Madagascar)

Le cas particulier de Toliara à Madagascar

La ville de Toliara (entre 150 000 et 200 000 habitants) est constituée d'un centre ville moderne entouré de plusieurs quartiers qui fonctionnent comme des villages ruraux composés de migrants de la campagne ignorants les règles de la vie citadine.
L'étude menée en 1991 sur l'hygiène urbaine à Toliara permet de mieux comprendre l'attitude de la population vis-à-vis des toilettes (Fauroux et al., 1991) . Ses principales conclusions sont :
Il y a une grande différence entre les ordures (pas de problèmes) et les excréments de femmes et d'hommes (réactions phobiques d'origine culturelle) :

            - aller à la selle, c'est sortir loin et faire au hasard dans la "forêt", le marécage, la mer ou un dépôt d'immondices suivants l'origine géographique des migrants ; l'action d'uriner n'est pas liée à un lieu particulier ;
            - le contact direct avec des excréments et le sang menstruel est une souillure et le fait d'être souillé a de lourdes conséquences négatives avec le risque d'attirer le malheur sur la famille ou le lignage ;
            - il est très choquant de déféquer dans un lieu fermé surtout à l'intérieur d'une maison ("stockage d'un contenu négatif") ; pour un homme, utiliser les même WC que sa mère ou sa soeur est un inceste ;
            - il est déshonorant de nettoyer des WC surtout des WC publics ainsi que de vider des fosses d'aisance (même de travailler à la voirie) ;
            - on ne peut mêler les excréments d'un sexe à l'autre, d'un lignage à l'autre (à la limite, chacun ne peut s'occuper que de ses excréments) ;
            -. Des latrines publiques cumulent tous les inconvénients ; les latrines familiales sont aussi difficiles à réaliser car si on les éloigne de la maison, elles deviennent proches d'autres maisons.

La notion de microbe est inconnue (la dernière épidémie de cholera a ébranlé beaucoup de certitudes) :

            - Pour certains, utiliser des latrines au sein d'une famille est considéré comme incestueux (possibilité de mélange des humeurs entre apparentés).
               Il est fady de construire des latrines à l'intérieur d'un logement, utilisées par tous les membres de la famille.
            - Nul ne songe à se laver les mains avant les repas ;
            - Se laver n'a pas de rapport à l'hygiène ;
            - La "propreté" consiste à éliminer les souillures ; si elles sont graves, le sang d'un animal sacrifié est nécessaire.
            - Il serait possible de creuser des feuillées après avoir fait des prières et des offrandes aux ancêtres.


Remarques :


            - dans plusieurs localités, il est interdit ("tabou", "fady") d'utiliser le fumier de bovin pour fertiliser les champs (à Ampasikibo au Nord de Toliara par exemple) et son ramassage des parc à bovins est limité à certains jours.
            - la fabrication de compost d'excréments et son utilisation ainsi que l'utilisation de l'urine sont un grave problème à résoudre. Le mot "compost" est à bannir ; le compost d'ordures ménagères est sans doute plus facile à accepter ;
            - pour les nouveaux citadins, la ville pleines d'excréments est répugnante. Mais qui va assurer le nettoyage ? Il y a à Toliara quelques personnes qui acceptent de vider les barriques (pour environ 5000 Ar). Il n'y a pas de camion pour vider les fosses septiques ;
            - dans la ville, la bouse de bovin ne souillerais pas contrairement aux excréments humains (sauf des jeunes enfants ou d'un parent), de chien (animal impur), de porc et de chèvre (animaux tabous).

Les expériences de Formad environnement

Comme à Ouéssè au Bénin, Formad environnement et l'ONG de Toliara VANONA ont lancé en mars 2012 une enquête (cf le questionnaire bilingue) de 10 jours dans trois villages au Sud de Toliara : Ankilibe, Saint Augustin et Soalara. L'analyse des 150 questionnaires est en cours

Les lave-mains

5 lave-mains ont été fabriqués en 2011 (2 à Soalara, 1 donné à l'ONG Tamafa-Diorano-Wash et 2 dans 2 restaurants de Toliara) et 11 (10 dans des restaurants et 1 chez un particulier pour accompagner une latrine) en 2012.
En 2011, des lave-mains ont été fabriqués et installés à Toliara (cf. lave-mains à Toliara).
En 2012 :

Jacky Willy, Président de l'ONG MAGNARY
Premier lave-mains 2012

Inscription Soa Ty Malio : "C'est bien d'être propre" écrite au pochoir sur les lave-mains

Distribution des lave-mains à Toliara le samedi 7 avril 2012 :

no

Noms

Prénoms

Hotely

Quartiers

1

RAHOLIARINORO

Henriette

Resto Kofifi

Stationnement Sans fil

2

MARIE


Epi-Bar Soalaza

Sanfil

3

MAHAFETY

Janine Ponestine

Cargo Hotel

Concasseur

4

JULIENNE


Bar Sara

Quartier du Port

5

TOVO

Fidéline

Resto Orchidée


6

RAHARINJAKASOA

Patrick

La Gourmandise


7

MEMENA



Antaninarinina

8

RATOVOARISON

Patricia

La Colombia

Morafeno

9

RAHARIMIADANTSOA

Saholininainy

Resto Horeb

Toliara centre

10

en 2011

Olga

Vola

Mahavatse

11

en 2011


Face Raphia

Mahavatse


Chargement des lave-mains
Resto Kofifi. Henriette RAHOLIARINORO, Stationnement sans fil
Epibar Soalaza, MARIE, quartier sans fil
Hotely Cargo, JANINE PONESTINE, quartier Concasseur

Bar Sara (près IH-SM), JULIENNE quartier du Port
Resto Orchidée, FIDELINE TOVO, quartier Bazar Be (soeur de l'ancienne épouse de Sheraly Shalim, directeur d'Al Shame
Resto La gourmandise, Patrick RAHARINJAKASOA
Hotely gasy, MEMENA, quartier Antaninarinina (ou Tanarena, terrain aménagé)

La Colombia, Patricia RATOVOARISON, quartier Morafeno
Resto Horeb, Saholinirainy RAHARIMIADANTSOA, quartier Toliara centre
Pot au Manatane après la distribution

Les WC : Construction d'une latrine économique chez Léon Jules de Toliara

Léon Jules est enseignant au collège Sacré coeur à Toliara. Son quartier est situé au Nord de la ville près des salines de la Batterie. Son épouse est originaire de Saint Augustin mais lui est originaire des Hauts Plateaux.
Son ancien WC est fait d'un fût enfoncé dans le sable (d'où infiltration d'eau de pluie) et d'une plaque de fer avec un grand trou plus ou moins en équilibre sur le fût rouillé. Il est interdit actuellement aux enfants à cause de sa dangerosité.

Maison de Léon Jules
Léon Jules et son épouse
Douche et WC
Ancien WC (interdit aux enfants)

Achats
Matériels
Nombre
Prix unitaire
Total du 1er essai de WC
Total possible pour les autres WC
Fût d'occasion ("barrique")
1
30 000
30 000
20 000*
Ciment Portland Buldozer
1
20 000
20 000
10 000**
Fil de fer 3 mm par kilo
1
5 000
5 000
2 500
Seau plastique 15 l
1
3 700
3 700
0
Sable charrette
1
3 000
3 000
3 000
Piquets
6
1 000
6 000
6 000
Feuilles de joncs (Vondro)
18 000
18 000
total    
90 000
59 500
Bidon huile occasion
2
2 000
4 000
4 000
Main d'oeuvre suppl.***    
5 000
5 000
total
99 000
68 500

La fabrication a été faite en deux étapes. La première étape, le mardi 3 avril 2012 a consisté en la fabrication d'un sous bassement et d'une "sanplat" (SANitary PLATform).

Latrine à compost à double fosse alternante. Dans le cas de Tuléar on propose un fût vidé tous les 6 mois avec une super structure en roseaux tressés sans toît (avant les pluies) Préparation du moule pour la fabrication du sous-bassement avec brique et fonds plastique Coulage du ciment par le maçon dans le moule avec le fil de fer 3 mm Ciment dans le moule plastique pour la fabrication de la "sanplat"

La deuxième étape, le mardi 10 avril 2012, a consisté à enfoncer le fût ("barrique") dans le sable (au 2/3), poser le sousbassement et la sanplat puis de construire la superstructure en roseaux ("Vondro").

Premier sanplat cassé au milieu car le moule plastique n'était pas plan
"Barrique" enfoncée en laissant entre 30 et 40 cm au-dessus du sol. Remplissage des bords
Sanplat posé sur le soubassement
De gauche à droite : Léon Jules, son fils et le maçon DAMY


Nouveau WC dans la cour de Léon Jules
Construction de la superstructure en roseaux
Entrée en colimaçon
L'intérieur avec le seau de sciure et le "bouchon"
Urinoir homme fabriqué avec 2 bidons d'huile