Les ignames sauvages dans la partie méridionale de Madagascar

Il y a deux familles à Madagascar :

- les Trichopodacées avec un genre : Avetra H. Perrier ou Trichopus (H. Perrier) Caddick & Wilkin (une espèce: A. sempervirens ou T. sempervirens )
- les Dioscoréacées avec le genre Dioscorea (une quarantaine d'espèces).

De nombreuses questions se posent sur la détermination botanique, la systématique, la répartition géographique, la diversité intraspécifique des espèces d'igname de Madagascar.

L'Université de Toliara en coopération avec l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) a cherché à estimer la biodiversité des ignames du Sud de Madagascar (environ 200 000 km²) et en particulier dans la région de Toliara.

 

 



Diversité des inflorescences : comparaison entre D. antaly (à gauche) et D. maciba


Diversité des fruits :
fruits (de gauche à droite) des espèces D. bemarivensis, D. maciba, D. soso, D. antaly et D. sansibarensis.

Problématique :

Dans l’Océan indien, Madagascar traverse une crise écologique importante due principalement à la déforestation, une des conséquences des faibles rendements des cultures et de la croissance démographique.

La situation est aggravée dans l’Ouest et le Sud-ouest par des conditions climatiques de type semi-aride (de 800 mm à 500 mm suivant un gradient Est – Ouest). Dans ces régions, le mode d’exploitation agricole repose sur des systèmes de cultures de type défriche-brûlis (« hatsake ») et la culture extensive du maïs. L’élevage extensif fait appel systématiquement aux feux de brousse. La production de charbon pour les villes y est développée ainsi que la cueillette des produits de la forêt, tubercules, miel, fruits.
émiques à Madagascar (appelées « ovy ») produisent des tubercules disponibles toute l’année qui peuvent être consommés crus, cuits ou conservés après séchage. Les tubercules sont collectés par toutes les ethnies, les hommes comme les femmes sans gestion apparente des lieux de collecte.

Dans les années 1990, des approches socio anthropologiques, socio-économiques et agro-écologiques mises en œuvre dans l’étude de la déforestation de deux régions du Sud-ouest : forêt des Mikea et plateaux calcaires proches de Toliara ont montré que la déforestation était irréversible pour diverses raisons. Dans les zones sèches, les ignames semblent survivre à la déforestation devenant, comme les baobabs, les témoins des anciennes forêts. Les feux de brousse peuvent même favoriser leur développement (Ackermann 2004). La collecte de différents produits naturels de la région, bois de chauffage, roseaux pour la construction et le tressage, ignames sauvages et la vente en ville sont des activités non négligeables des migrants Mahafale comme des Masikoro.

Des alternatives pour un développement durable des populations du Sud-ouest malgaches sont urgentes. L’étude du WWF sur la forêt Mikea a souligné l’intérêt des aires protégées, l’action d’ONG comme l’ONG FIMAMI et l’intérêt de l’agriculture de conservation (cf. le « Cadre stratégique pour le développement des populations autochtones Mikea » d’octobre 2003). Un des moyens de lutter contre la déforestation est la mise en œuvre d’actions de développement alternatives. Pour les Mikea, plusieurs activités génératrices de revenus ont été proposées : l‘écotourisme, l’apiculture et les plantes médicinales.

La valorisation des ressources génétiques locales est également un des moyens de lutte. Les plantes alimentaires négligées, dont les Dioscoréacées spontanées, ont fait l’objet d’un premier inventaire par la recherche agronomique malgache (Fofifa 2001). Il a confirmé l’importance des ignames sauvages endémiques dans le sud-ouest.

Les ignames de Madagascar sont comestibles et vendues sur de nombreux marchés hebdomadaires au bord des chemins. Celles situés dans le sud sont adaptées à un climat semi-aride avec certaines se développant sur des sols calcaires. Ces particularités permettent d’envisager leur utilisation ailleurs qu’à Madagascar.

Depuis 2002, des études approfondies ont redémarré à Madagascar sur les ignames endémiques grâce à l'Université d'Antananarivo (ancien programme FADES).

Une bibliographie non exhaustive montre qu'il y a peu de documents qui traitent des espèces de ce genre à Madagascar.

La détermination botanique de beaucoup d'espèces endémiques n’est pas encore fixée (Jeannoda et al. 2003).