CHEBAN A.S. 2006. Valorisation des ignames endémiques du Sud - Ouest de Madagascar : étude ethnobotanique dans le couloir d’Antseva et dans la forêt Mikea. Essai de culture de quelques espèces. DEA Biodiversité et environnement, option biologie végétale, Faculté des Sciences de l’Université de Toliara (Madagascar). 120 p.

Résumé :

La forêt des Mikea, connue pour sa richesse floristique subit depuis plusieurs années une déforestation d’origine humaine. L’une de ses composantes floristiques, le genre Dioscorea (oviala en malgache) constitue le principal aliment et une source d’eau pour les habitants vivants à l’intérieur ainsi que pour la population Masikoro limitrophe de la forêt.

La démarche méthodologique a reposé sur une enquête auprès de 153 paysans de plusieurs terroirs du couloir d’Antseva pour les aspects ethnobotaniques, l’observation directe et le dénombrement en quadrats pour l’étude botanique.

Des essais de culture ont été suivis en milieu paysan et à la station FOFIFA de Toliara. Dans la zone étudiée, dix espèces d’igname ont été recensées dont deux cultivées et huit sauvages.

Sept espèces sauvages endémiques à Madagascar ont été décrites dont D. maciba, D. ovinala, D. soso, D. bemandry, D. bemarivensis, D. nako. Une espèce, D. sp., appelée localement Balo, est encore inconnue des botanistes bien que proche morphologiquement de D. alatipes.

La répartition des espèces est fonction du type de sol et leur abondance du type de végétation. Les différents tubercules d’ignames sont classés par les paysans et les paysans collecteurs suivant leurs qualités gustatives.

C’est un aliment saisonnier pour la majorité de la population vivant autour de la forêt des Mikea.
Il est l’objet d’un commerce pendant les périodes de soudure procurant des revenus non négligeables.

Ces produits de cueillette restent non valorisés jusqu’à présent et non domestiqués. La collecte est destructive, car beaucoup de collecteurs ne laissent aucun morceau de tubercule dans la terre et ne rebouchent pas les trous après le déterrage ou collectent pendant la période de fructification.
Néanmoins, il a été observé rarement une forme de gestion traditionnelle des ressources en ignames, surtout chez les Mikea qui vivent exclusivement de la cueillette et de la chasse.

Il est nécessaire de renforcer cette gestion dans les aires protégées et les anciennes jachères pour conserver à long terme les sept espèces endémiques dont D. bemarivensis qui se raréfie.

L’enquête et le premier essai de culture montrent que la domestication des espèces dont la teneur en matière sèche est élevée est possible.

Aucun fady n’a été noté dans la région sur cette culture. La domestication permettrait de valoriser la grande diversité des ignames sauvages, plantes alimentaires malgaches, tout en les conservant.

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