CHEBAN S.A., REJO-FIENENA F., TOSTAIN S. 2009. Etude ethnobotanique des ignames (Dioscorea spp.) dans la forêt Mikea
et le couloir d’Antseva (sud-ouest de Madagascar). Malagasy Nature, 2 : 111-126.
Résumé
La conservation et la valorisation de la biodiversité des plantes utiles à l’alimentation humaine adaptées aux écosystèmes arides du sud-ouest font partie
des priorités de la recherche malgache.
Appelées « oviala » en malgache, les ignames (Dioscorea spp.) sont des lianes monocotylédones dioïques avec une
tige souterraine tubérisée riche en amidon. Elles sont une des richesses floristiques de Madagascar, en particulier dans la région de Toliara avec neuf espèces
endémiques, dont sept sont fréquentes (D. maciba, D. bemandry, D. soso, D. ovinala et Dioscorea sp. ou « balo » en langue Masikoro) et deux rares (D.
bemarivensis et D. nako).
Les objectifs de l’article sont de recenser les traditions et les savoir-faire liés à leur cueillette et à leur utilisation et d’évaluer l’importance économique
des ignames au nord de Toliara en identifiant les acteurs de la filière informelle.
Une enquête auprès de 153 paysans de plusieurs terroirs et des relevés sur quatre marchés ont été réalisés. Les caractères morphologiques utilisés par
les paysans pour distinguer les espèces ont permis de réaliser une clé de détermination. Les tubercules, tous comestibles, sont utilisés par une majorité de paysans
pauvres comme complément alimentaire saisonnier.
Deux espèces, Dioscorea maciba et D. bemandry, font l’objet d’un commerce pendant les périodes de soudure procurant des revenus non négligeables.
La collecte est le plus souvent destructive car les collecteurs ne laissent pas de morceau de tubercule dans les trous après le déterrage ou ils collectent
avant la fructification.
Pour conserver à long terme les ignames endémiques dans les jachères, les bords de champs ou de pistes et les aires protégées, il est nécessaire
de proposer une meilleure gestion des cueillettes aux collecteurs spécialisés.
Mots clés : Dioscorea, Madagascar, ressources génétiques, savoir-faire, conservation