Introduction

Les monocotylédones (wikipedia) sont une classe d'angiospermes ou plantes à fleurs et à graines (spermatophytes) qui n'ont qu'un seul cotylédon dans la graine, pas de bois, des nervures principales parallèles et des fleurs trimères dont 3 carpelles et un grain de pollen avec un seul pore ou sillon.

Les spermatophytes se sont séparées des fougères il y a environ 400 millions d'années et les angiospermes des gymnospermes il y a environ 150 millions d'années. Les angiospermes dominent la flore terrestre depuis environ 100 millions d'années. D'autres résultats montreraient que la séparation entre monocotylédones et dicotylédones auraient eu lieu il y a environ 250 millions d'années et que les monocotylédones seraient plus anciens que les dicotylédones.

Le clade ou la classe des monocotylédones est plus récent dans l'échelle de l'évolution que les dicotylédones. Il comprend entre autres les graminées, les liliacées, les palmiers et les orchidées.

Le genre Dioscorea

Les ignames (Dioscorea sp.) sont des lianes monocotylédones, avec les sexes mâle et femelle séparés (plantes dioïques) qui poussent en forêt et en savane le plus souvent en basse altitude.

Les ignames ont la particularité d'avoir des nervures secondaires non parallèles, un branchage, des feuilles pétiolées etc. qui rappellent leur origine de dicotylédones.

Un ou plusieurs tubercules souterrains constituent un organe de réserve. C'est une source d'amidon pour les populations de plusieurs régions de Madagascar (plus précisement des sauvages endémiques à l'Ouest et des cultivées d'origine asiatiques à l'Est).

Le génome chloroplastique de l'espèce Dioscorea elephantipes a été séquencé par Hansen et al., 2007 (photo prise au marché de Noël de Marseille le 13 décembre 2011)

Cinq grands pays côtiers de l'Afrique de l'Ouest (Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin et surtout Nigeria) forment de loin la zone de production mondiale la plus importante (pour plus de renseignements, aller sur le site de la FAO). Cette zone a été nommée " yam belt ", et on parle de " civilisation de l'igname " tant cette culture ancienne est ancrée dans la vie économique, culturelle et religieuse des différents peuples.

Une des utilisations les plus courantes en Afrique de l'Ouest est une pâte réalisée en pilant des tubercules épluchés puis bouillis dans de l'eau (l'igname pilée au Bénin, le "foutou" igname en Côte d'Ivoire) ou à partir de la farine obtenue avec des fragments ou des petits tubercules séchés après trempage dans l'eau bouillante (cossettes).


Domestication des ignames sauvages en Afrique de l'Ouest

Harlan (1975) donne l'igname comme exemple de domestication de plantes à tubercule mais sans plus de précision. Haudricourt (1964) donne quelques éléments d'explication à l'utilisation des ignames de brousse en Nouvelle Calédonie.
Cette pratique paysanne de la domestication est mal connue de la recherche agronomique car peu d'auteurs ont observé ce processus.
On a par exemple Chevalier (1909) pour D. praehensilis en Guinée et Seignobos (1992) pour D. abyssinica au Cameroun.
Pourtant la domestication ancienne ou récente a des conséquences importantes pour la sélection de clones répondant à de nouveaux besoins agricoles.

Depuis 1997, les connaissances ont avancé en Afrique de l'Ouest grâce aux marqueurs moléculaires AFLP et microsatellites (voir une bibliographie pour en savoir plus). Plusieurs enquètes et analyses menées au Bénin ont montré que les paysans continuent un "ennoblissement" (ou "acclimatation") des tubercules d'ignames spontanées. Ce processus est communément appelée acclimatation, ennoblissement ou " domestication " chez l'igname bien qu'aucune modification du génome ne soit réalisée ; seule l'expression des gènes est modifiée (peut être par épigénétisme).
Les ignames sauvages issues de graines (reproduction sexuée) que certains paysans cherchent à domestiquer sont proches des villages : des sauvages de type " abyssinica " dans les terroirs du nord et des sauvages de type " praehensilis " dans ceux situés au sud du pays.